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Avoir du flair, une affaire d’expert ? Eh bien oui !
Etre nez n’est pas inné, c’est seulement une question d’entraînement.
Une expérience d’imagerie cérébrale menée avec des parfumeurs professionnels et des étudiants parfumeurs décrit pour la première fois une activation semblable de régions du cerveau, que l’on sente réellement une odeur ou qu’on l’imagine.
Ces travaux menés par le CNRS, l’Inserm, l’Université Joseph Fourier de Grenoble et l’Université Claude Bernard Lyon 1 montrent de plus que cette capacité se développe avec l’expérience et procède de la même façon que l’imagerie mentale visuelle ou auditive, par réactivation d’images olfactives au sein du
cerveau.
Tout un chacun est capable de voir en pensée son appartement et de s’y promener virtuellement ou de fredonner mentalement un air apprécié.
Mais peut-on se souvenir en pensée de l’odeur du pain grillé ou de celle de la figue, au point de sentir cette odeur ? L’imagerie mentale olfactive est un exercice beaucoup plus difficile que l’imagerie mentale visuelle ou auditive et la majorité des personnes disent ne pas posséder cette capacité.
Cependant, les parfumeurs, experts en olfaction et habitués à sentir, évaluer et créer des odeurs, affirment être capables de sentir une odeur en son absence.
Qu’en est-il vraiment ?
Pour répondre à cette question, Jane Plailly, Jean-Pierre Royet (1) et Chantal Delon-Martin (2) ont comparé en Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf) les activations cérébrales d’étudiants de l’école de parfumerie de Versailles (ISIPCA) à celle de parfumeurs professionnels, une population rare (leur nombre n’excède pas 500 dans le monde et 120 à l’échelle de la France et de la Suisse).
Dans un scanner, ils devaient imaginer mentalement l’odeur de diverses substances odorantes dont le nom chimique apparaissait à l’écran.
Les résultats montrent que l’imagerie mentale olfactive active le cortex olfactif primaire, une zone cérébrale d’ordinaire stimulée lors de la perception d’odeurs, chez les experts des deux groupes.
Ceci prouve que des aires semblables sont activées pendant la perception et l’imagination d’odeurs.
L’imagerie mentale olfactive procède donc de la même façon que l’imagerie mentale visuelle ou auditive, par réactivation d’images olfactives.
Il s’agit d’un processus cognitif interne, c’est-à-dire une sensation générée par notre propre cerveau et non pas une réponse à une
odeur.
Autre enseignement : chez les parfumeurs, l’entraînement olfactif intensif influence le niveau d’activation du réseau de neurones impliqué dans l’imagerie mentale des odeurs.
Plus le niveau d’expertise est grand, plus l’activité des régions impliquées dans la mémorisation et dans l’olfaction diminue.
Ainsi, quand le cerveau est entraîné, la « communication » au niveau neuronal se fait beaucoup mieux, de façon plus rapide et efficace, et le message est plus spécifique, entraînant une réduction de l’activation.
Un résultat qui démontre que l’imagerie mentale olfactive se développe avec l’apprentissage au quotidien, et ne résulte pas d’une faculté innée.
Dans cette étude, les parfumeurs étaient en effet capables d’imaginer les odeurs rapidement, voire instantanément, tandis que les étudiants présentaient certaines difficultés et devaient concentrer davantage leur
attention.
En réactivant facilement des souvenirs d’odeurs, les parfumeurs peuvent à loisir comparer et combiner mentalement les senteurs dans le but de créer de nouvelles
fragrances.
Ces résultats démontrent l’extraordinaire capacité de notre cerveau à s’adapter à la demande environnementale et à se réorganiser avec l’expérience.
Source
Plailly J., Delon-Martin C., Royet J.P. (2011)
"Experience induces functional reorganisation in brain regions involved in odor imagery in
perfumers"
Human Brain Mapping publication online du 9 mars 2011
Notes :
(1) Laboratoire Neurosciences Sensorielles Comportement Cognition (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)
(2) Institut des Neurosciences de Grenoble (Inserm/Université Joseph
Fourier)
http://www.inserm.fr/
(MDN)
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